God Save The Kouign
PARCOURS EN 11 ETAPES – 11 COLLAGES

Les stations du rock à Penmarc’h

Le festival rock du God Save the Kouign, organise au printemps 2025, une exposition de dix œuvres éphémères de l’artiste Marianne Larvol, collées sur des murs de la commune, dans des lieux emblématiques de son histoire. En créant ce parcours, nous revenons aux origines de cette musique qui s’est progressivement imposée, lors de la longue décennie des années 60.

Cette expo pourrait amplifier la tendance actuelle qui tend à regarder le rock dans le rétroviseur, sur l’air du ‘était mieux avant ! », air que les « boomers » ont parfois tendance à reprendre en boucle. En fait, pour éviter ce point de vue, nous avons choisi un cheminement subjectif à travers le rock, en nous inspirant de la figure d’Anne de Bretagne, symbole du festival.

Ainsi, se retrouvera-t-elle à toutes les étapes, qui souligneront les différents modes d’arrivée du rock (le cinéma, le disque et le juke-box, la radio et la presse spécialisée.) et ses modes de consommation (le bal populaire, le concert.) et de compréhension (l’école). La venue d’un son rock fut bien sûr indissociable des profondes mutations démographiques, technologiques, économiques et sociales des Trente Glorieuses.

A Penmarc’h, le développement de la pêche suscita directement les activités induites des conserveries et indirectement un secteur artisanal et commercial diversifié. Avec le développement du tourisme balnéaire, les conditions furent réunies, pour les jeunes générations nombreuses à l’époque, d’argent de poche disponible et de rencontres diverses, en marge ou en rupture des aspirations des parents.

Le God Save The Kouign

Réalisation : Mariane Larvol | Textes : Roger Hélias | Impressions : Imprimerie Tanguy Pont l’Abbé

PARCOURS EN 11 ETAPES – 11 COLLAGES


Anne en concert aujourd’hui

Lors de l’édition 2024 du festival,Maëva Nicolas du groupe Bandit Bandit , lança ce cri du cœur en brandissant sa guitare : « More women on stage !» Revendication justifiée car, effectivement, le rock est resté, depuis les années 60 et, par bien des égards, une musique entre mecs et misogyne. Ses origines américaines y furent pour beaucoup. Se voulant rebelle, le rocker craignait d’être domestiqué par la femme, gardienne du foyer et castratrice, imposant une existence routinière au héros (ainsi en fut-il de la « Beat Generation » où Kerouac mit en scène l’abandon de sa famille, pour prendre la Route). La jeune femme, ce fut aussi la groupie ado, servant aux ébats sexuels des rock-stars dans les hôtels après les concerts. Enfin, liée aux stéréotypes cinématographiques, ce fut la femme fatale, manipulatrice dont il fallait se méfier. L’histoire du rock est donc pour beaucoup une histoire qui reproduit la domination de genre par le culte de la puissance virile…

Bande son : Bandit Bandit – « Toxique Exit »


Anne reçoit des disques de la part de jeunes marins

Les escales à l’étranger pour les marins de commerce (sur le paquebot » France » à partir de 1960 à New York) ou les relâches nécessaires dans les ports de pêche britanniques, lors des tempêtes, permettent aux jeunes marins d’acquérir des disques encore inconnus en France.

Bande son : Wanda Jackson – « There’s a party going on » janvier 1961

Originaire de l’Oklahoma, d’où son répertoire country (piano et guitare), mis très tôt en valeur à l’âge de 16 ans, dans une radio locale, dès 1954. Le réel succès de ses premiers disques lui permet de partager une tournée avec Elvis Presley. C’est la révélation du rock !! Elle obtient un contrat avec la prestigieuse marque « Capitol » qui lui ouvre le succès dès 1958. Suivent alors de nombreuses tournées avec Elvis, Buddy Holly et Jerry Lee Lewis …avant des tournées partout dans le monde. Aux dernières nouvelles, elle a arrêté d tourner en 2019… Déesse du Rock

Bande son : Janis Martin – « My boy Elvis » mai 1958

Originaire de Virginie, jeune enfant prodige de la chanson qui, également très très tôt eu son émission de radio dans le style country, qu’elle abandonne à l’adolescence pour le rythm&blues. Encouragée par RCA, elle se lance dès 1955 dans le rock avec des compositions personnelles, ce qui séduit le colonel Parker, qui l’autorise à devenir le pendant féminin officiel d’Elvis. Succès considérable aux USA …mais carrière écourtée car, mère à 17ans, elle doit s’occuper de son fils.


Anne à la plage avec copines parisiennes

Les années soixante sont les années des débuts du tourisme estival de masse, favorable à de nombreuses rencontres et échanges entre les jeunes générations.

Bande son : Aretha Franklin – « R.E.S.P.E;C.T » 1967

La chanson enregistrée en avril 1967 est une reprise d’Otis Redding dont le cœur des paroles disait « All I’m asking, is for a little respect when I come home » soit l’histoire d’un mec qui bosse, ramène la thune à la maison et demande donc à sa ménagère de femme de le respecter ! Aretha Franklin en fait : « All I’m asking is for a little respect when you get home » Un changement de perspective qui s’explique par une histoire personnelle difficile, entre un père pasteur intransigeant et volage et un mari reproduisant ce modèle patriarcal. Ainsi, dans une version bien plus radicale, traduite par les chœurs qui l’accompagnent, elle manifeste la volonté des femmes à se faire respecter. La chanson devient très vite l’hymne féministe des années 60 et l’hymne de combat de la lutte des Noirs pour les droits civiques.

Bande son : The Doors – « Riders on the Storm » 1971


Anne, au bal.

La salle de bal où les orchestres locaux reprennent, en les adaptant, les succès anglo-saxons.

Bande son : « l’Ange Noir » ou l’enfant « maudit » du rock

Parmi les nombreux destins cabossés du rock, Vince Taylor est l’un des loosers magnifiques. Naitre en Angleterre, un 14 juillet, le prédestinait à choisir une carrière en France car, fan absolu de Presley et de Gene Vincent, il avait l’opportunité d’y faire connaître leurs chansons. Adepte d’un rock sans concession, vêtu d’un cuir noir orné d’une chaîne de vélo, ses prestations scéniques déchainèrent bien malgré lui, la violence des jeunes spectateurs. Le 18 novembre 1961 au Palais des Sports de Paris, la salle fut dévastée et, à la radio, Interactualités Magazine dénonça le lendemain « Le massacre des fanatiques de Mr Vince Taylor ». (NB : nous sommes juste un mois après le massacre à Paris, véritable celui-là, du 17 octobre 1961, des Algériens favorables au FLN, qui manifestaient contre le couvre-feu qui leur était imposé par l’Etat). Dans sa grande bonté Eddy Barclay lui permis d’enregistrer des reprises tandis que Salut les Copains l’ignora systématiquement dans ses programmes. Il fit en 1965, la 1ère partie des Stones à l’Olympia mais, sous l’emprise de diverses substances, il fut contraint à cachetonner un peu partout en France, ce qui le conduisit notamment au Guilvinec, au Sydney, le 12 juillet 1967. Seule composition notable « Brand new Cadillac » (1959) reprise par les Clash sur London Calling.(1979)

Bande son : Les Rolling Stones : « I Can Get No (Satisfaction) » 1965

Apparus vraiment durant l’été 1963, en reprenant un classique de Chuck Berry « Come on » et en démontrant très vite leur attirance pour la musique noire américaine, les Stones, pour des raisons commerciales, se présentent d’abord comme des bad boys avides de provocations. Au dos de la pochette de leur premier disque, en avril 64, Andrew Loog Oldham leur génial manager, fit écrire :« Les Rolling Stones sont plus qu’un simple groupe : ils sont un mode de vie. » Peu à peu, le groupe transgresse l’image stéréotypée des débuts, grâce à la contribution de figures notables du « Swinging London », comme le photographe David Bailey. Les compositions originales font décoller le groupe : « It’s All Over Now » « The Last Time » et surtout, le succès mondial : « Satisfaction ». C’est une chanson sur l’impuissance, composée à l’origine pour rendre compte des tournées itinérantes. La chanson devient le nouvel hymne d’une jeunesse frustrée de plaisirs, dont les paroles écrites à la va vite par Jagger, se comprenaient dans l’à peu près dans la France de 1965.
« Je ne peux pas avoir du plaisir, mais j’essaie et j’essaie (…), je fais la route à travers le monde.. essayant de me faire une fille (« trying to make some girl »)qui me dit, Chéri , t’as qu’à repasser peut-être la semaine prochaine, car je suis dans une mauvaise passe » Ces paroles crues et trop explicites, furent censurées aux Etats Unis.


Anne et ses copines ouvrières durant la pause

Bande son : The Beatles : « Revolution » été 68

Pour les jeunes français, le titre suffit à la compréhension mais, rien n’est simple à cette date pour les Beatles. Entre consommation effrénée de drogues, voyage en Inde auprès d’un gourou lubrique pour atteindre le nirvana et l’arrivée envahissante de Yoko Ono, le groupe s’étiole. Constamment sollicité par des groupes révolutionnaires, Lennon leur répond par une chanson : « If you talk about destruction, don’t you know that you can count me out ». Autrement dit : « Allez-vous faire f… » C’est ce qui sort dans le fracas des guitares saturées, sur la face B du single avec « Hey Jude » en face A…mais, trois mois plus tard, sur l’Album Blanc : »…You can count me out, in » (chanson qui avait été enregistrée avant mais qui sort après..on s’y perd). Nina Simone : sait, quant à elle, où elle va: sa « Revolution » de 1969 est sans ambiguité : « Lennon doit mettre de l’ordre dans son cerveau »

Bande son : Janis Joplin : « Piece of my heart » 1967

Ce fut d’abord un blues interprété par Emma Franklin (la grande sœur d’Aretha) que Janis repris avec son groupe (Big Brother & the Holding Company) pour en faire un blues-rock. La chanson évoque l’amour d’une femme pour son homme. Elle lui a tout donné, il lui a pris plusieurs morceaux de son cœur mais, sans rien en échange. Bref, le récit d’une relation toxique, souvent banale, transcendée par l’interprétation exceptionnelle d’une chanteuse qui se brûle totalement en interprétant cette histoire.

« But, I’m gonna show you baby that a woman can be tough » (…qu’une femme aussi peut s’endurcir)


Anne à la fête foraine

Bande son : Johnny Hallyday : « l’idole des jeunes »

Il fut la révélation de l’année 1960 : de février avec son 1er 45 tour (« T’aimer follement ») où on le présenta comme « un américain de culture française » en avril, lors de sa première télévision, dans l’émission « l’Ecole des Vedettes ». Il interpréta à l’occasion « Laisse les filles » sous le regard moqueur et condescendent de Line Renaud et d’Aimée Mortimer :
« Ma mère me dit régulièrement : tu ne fais rien, tu perds ton temps
Tu ferais mieux de travailler, au lieu de t’en aller traîner…
Avec Claude hier au soir, derrière le juke-box, près du bar
y avait de la gaieté, lorsque ma mère s’est radinée.
Heureusement pauv’ de moi, pour me soutenir j’ai mon papa
Qui me dit toujours, vas y mon gars, puisque les filles s’est fait pour çà
Laisse les filles t’adorer, te câliner, te caresser, te cajoler… »
De grands débuts !!

« La Génération perdue » : octobre 1966 (enregistré à Londres). Tout est bon dans ce 8éme album, même la reprise des Beatles (« Je veux te graver dans ma vie ») et celle des rockers espagnols Los Bravos (!!) (« Noir c’est noir »). Même la chanson réac pour l’époque « Cheveux longs, idées courtes », réponse aux provocs d’Antoine, qui s’était fait une pub habile en étrillant Johnny dans ses « Elucubrations ». Avec la chanson éponyme »Génération perdue » et « La fille à qui je pense », Johnny atteint les sommets. A écouter en boucle…


Anne au transistor

Bande son : les Who : « My Generation » octobre 1965

« I hope I die before I get old » (« J’espère mourir avant de devenir vieux »). Ce cri lancé à la figure de l’Angleterre, accompagné du bégaiement de Roger Altrey le chanteur, expose au mieux toute l’impuissance d’une jeunesse, en révolte contre les parents et le système britannique. Cri d’une force agressive inouïe qui tétanise les spectateurs, sidérés par la puissance des amplis Marshall (100 Watts contre les 30 habituels) et la mise en miettes de sa batterie par Keith Moon. Si l’on y ajoute que les membres du groupe ne peuvent pas se blairer et se tapent parfois dessus, on conviendra que leur comportement s’apparente beaucoup à celui des hooligans. Ce serait passer à côté de l’essentiel car, grâce à Peter Townshend, à la conscience politique affirmée et à la formation intellectuelle bien prononcée, le groupe par nombre de ses choix ( les affiches, les pochettes de disques, les vêtements..) fera le lien entre rock et le pop art et s’inscrira dans l’héritage des « angry young men » et du théâtre de la cruauté de Peter Brook.

Grace Slick et le Jefferson Airplane : l’égérie du mouvement hippie

Le groupe, né à San Francisco en 1965, s’inscrit dans la mouvance folk rock, partagée par des centaines de jeunes qui, dans le quartier d’Haight Ashbury carburent à l’acide. Le départ de leur chanteuse originelle et l’arrivée de Grace Slick, fin 1966, avec son fort tempérament et son charisme fait décoller le groupe. Elle apporte avec elle, deux chansons « Somebody to love » et « White Rabbit » (n°1 en France juin 67) qui, avec leur mysticisme singulier et leur ode aux psychotiques (entre l’univers de Lewis Carrol et celui du Bolero de Ravel pour la seconde) montent très vite au sommet des charts. Le triomphe au festival de Monterey en 67 les installe au cœur du « Summer of love » avant de tutoyer les cieux à Woodstock, deux ans plus tard.


Anne écoute le juke box dans un bistrot

Bande son : Les Troggs (abréviation de « Troglodytes) « Wild Thing » avril 1966.

Chanson entendue à NewYork par le manager des Kinks ; créée par le tonton d’ Angelina Jolie avec trois accords et quelques pauses hésitations (« je ne savais pas comment continuer » : interview à Mojo en 2008, la revue des boomers) Comme les Kinks n’en voulaient pas, la chanson fut proposée à un nouveau groupe qui la plaça en face B de leur deuxième 45 tours (Face A : « With a girl like you » ) Prise faite en un quart d’heure : succès fulgurant. Ni une, ni deux, le chanteur Regg Ball quitte son job de maçon dans son Hampshire natal, change de nom en devenant Regg Presley et file à Londres avec son groupe. Le son (proto punk ?) et les paroles (crues, salaces avec des allusions à la consommation de drogues )font trembler l’Angleterre bienpensante (« you make my heart sing ; you make every thing groovy »)

Jimi Hendrix Expérience (Monterey- Californie 18 juin 1967)

En seulement quatre années de carrière officielle et en quatre albums, le plus grand des « guitare hero » a révolutionné le rock. Sa prestation scénique la plus ahurissante restera celle du festival de Monterey (Californie) le 18 juin 1967. Bien que né à Chicago, Jimi Hendrix est quasiment inconnu à cette date. C’est Paul Mc Cartney, qui l’a vu sur scène à Londres, qui l’impose aux organisateurs. Il joue en fin de festival au bout de trois jours de concert : son show hallucinant écrasant ses pédales wah wah et fuzz, ses riffs alternés et ses salves discordantes, donnent à sa reprise de « Like a Rolling Stone » de Dylan et de « Hey Joe » une ampleur inégalée. C’est en reprenant « Wild Thing » que l’apocalypse arrive par une cérémonie vaudou. N’ayant pas sa Fender Stratocaster habituelle, la guitare prêtée a été repeinte par une peinture très inflammable. Sortant une burette d’essence de ses poches, il l’enflamme en mimant un acte sexuel puis la projette sur les amplis. L’Enfer sur scène….

NB : Hendrix rencontra notre Johnny à Londres qui l’invita pour sa tournée 1966 en première partie. Les deux JH se produisirent à Evreux, Nancy, Villerupt et à l’Olympia avant d’interpréter à chacun son tour, « Hey Joe ».


Anne et Elvis hand by hand

C’est d’abord par le film hollywoodien que le rock débarqua en France et donc à Penmarc’h, dans les deux salles de la commune : le Celtic et l’Eckmühl. Grâce à sa prolifique carrière (31 films entre 1956 et 1969) Elvis Presley devint le rocker américain le plus connu. Certes, beaucoup de ces films étaient véritablement des navets, mais le système exigeait avant tout de la rentabilité et pour la conforter, chaque sortie était accompagnée d’un single ou d’un album. Presley, loin d’être naïf déclara un jour : « Une chose est pire que de regarder un mauvais film, en être l’interprète » On peut malgré tout ressortir quelques œuvres de la médiocrité . Parmi elles « Le rock du bagne » (Richard Thorpe ; novembre 1957) et sa chanson phare « Jailhouse rock » vendue en quelques semaines à 2 millions d’exemplaires et qui allait donner son titre au film. Autre titre : « King Creole » (EU : 2 juillet 1958) film de Michael Curtiz sorti en France le 1er avril 1960 sous le titre « Bagarres au King Creole » !! avec la chanson « Trouble » que notre Johnny allait reprendre en 1962 : « La bagarre »


La petite Anne en classe

Ils sont venus, ils sont (presque) tous là pour la photo de classe de Jean Marie Périer, publiée en juin 1966, en page centrale de « Salut les Copains ». C’est le ban et l’arrière ban des yéyés, spécialistes en tout genre de l’adaptation des succès anglo-saxons dans la langue de Victor Hugo. De jeunes « idoles » soumises au bon vouloir des maisons de disques (Barclay, Vogue…) et des starlettes qui tentent d’exister et de durer au delà de quelques succès. Eddy Mitchell né du rock avec les Chaussettes Noires se noiera dans le « Twist du père Noël » ! Son alter ego Dick Rivers et ses Chats Sauvages se lanceront dans le « Twist à St Tropez ». Rock, twist, yéyé, tout se dilue dans la variété à la française. Dans cette « photo du siècle », Catherine Ribeiro, coincée entre Hugues Aufray et Eddy Mitchell, se demande déjà comment quitter cet univers de guimauve. En 1970, elle créera le groupe « Alpes » et tout en repensant les normes de la chanson, elle s’engagera résolument dans les causes libertaires et révolutionnaires en faveur des « damnés de la terre ».

« Ames debout » 1971

A cette date, un rock français apparaît enfin, porté par de nouvelles émissions de radios (Campus de Michel Lancelot sur Europe1, le Pop Club de Jose Artur sur France Inter) de nouveaux magazines (Rock&Folk, Best, Actuel). C’est le temps de Trust, Telephone, Ange, Zoo…Le temps de nombreuses scènes locales dans de petites villes de province. Bref, une autre histoire à écouter et écrire…


Vince Taylor : « l’Ange Noir » ou l’enfant « maudit » du rock en France

Parmi les nombreux destins cabossés du rock, Vince Taylor est l’un des losers magnifiques. Naitre en Angleterre, un 14 juillet, le prédestinait à choisir une carrière en France car, fan absolu de Presley et de Gene Vincent, il avait l’opportunité d’y faire connaître leurs chansons. Adepte d’un rock sans concessions, vêtu d’un cuir noir orné d’une chaîne de vélo, ses prestations scéniques déchainèrent bien malgré lui, la violence des jeunes spectateurs.

Le 18 novembre 1961 au Palais des Sports de Paris, la salle fut dévastée et, à la radio, « Interactualités Magazine » dénonça le lendemain « Le massacre des fanatiques de Mr Vince Taylor ». (NB : nous sommes juste un mois après le massacre à Paris, véritable celui-là, du 17 octobre 1961 des Algériens favorables au FLN, qui manifestaient contre le couvre-feu qui leur était imposé par l’Etat).

Dans sa grande bonté Eddy Barclay lui permis d’enregistrer des reprises tandis que Salut les Copains l’ignora systématiquement dans ses programmes (seulement deux articles entre 1962 et 1969). Il fit en 1965, la 1ère partie des Stones à l’Olympia mais, sous l’emprise de diverses substances, il fut contraint à cachetonner un peu partout en France, ce qui le conduisit notamment au Guilvinec, au Sydney, le 12 juillet 1967 où, avec son groupe des Play Boys, il partagea l’affiche avec Danny Boy et ses Pénitents.

Seule composition notable « Brand new Cadillac » (1959) reprise par les Clash sur London Calling. (1979)